COORDONNÉES
FOYER DE L’ENFANCE BORNICHE
2 Grande-Rue
77440 Mary-sur-Marne
Tél : 01 60 61 54 00
UN PEU D'HISTOIRE
BORNICHE ou 104 ANS DE L ‘HISTOIRE DE MARY
D’une idée charitable vers les plus démunis…
En janvier 2002, René DOUARIN (Directeur à l’époque) et Lydie CRAPAT (cadre socio-éducatif à l’époque), nous ont relaté cet historique de la Fondation Borniche pour le bulletin annuel 2001.
La « Fondation » Borniche est située en bord de Marne sur la commune de Mary-sur-Marne. C’est au 19ème siècle la résidence de campagne de Mr Borniche, banquier parisien. Amoureux du cadre, il y avait fait construire un château de style Napoléon 1er dont les travaux s’étaient achevés en 1842.
Mr Borniche n’a qu’une fille: Victoire, Joséphine, Léonie. C’est donc elle qui hérite tout naturellement de la propriété à la mort de son père. Étant célibataire, cette propriété va tout naturellement faire des envieux. Tout d’abord, des cousins maternels possédant un château dans le village et espérant bien profiter de l’héritage au moment de la disparition de leur cousine et agrandir ainsi leur propriété. Enfin, la commune, qui souhaite bien profiter de cette richesse locale et en espère un legs.
Mais, Mlle Borniche n’entretient avec aucun d’eux de bonnes relations. Pour couper court à toute envie, elle fait don de sa propriété à une oeuvre en créant une fondation qui portera son nom. Elle met sur pied un Conseil d’administration, qui regroupe des notables du canton, dont le président est un notaire.
Son désir est de faire quelque chose pour les orphelins de guerre. Cependant, des difficultés d’ordre administratif l’amènent à modifier son projet. En désespoir de cause, elle accueillera donc des femmes convalescentes sortant des hôpitaux de Paris. Pour les héberger, elle fait construire à côté du château un grand bâtiment d’hébergement (actuellement l’école intégrée). Pour s’en occuper, elle fait appel aux sœurs Augustines de Meaux.
Mais, Mlle Borniche décède à Paris le 1er Novembre 1895 et c’est finalement le 31 Août 1897 que sa fondation sera reconnue d’utilité publique.
En dehors d’une interruption durant la guerre de 1914/18, où les locaux accueilleront des soldats convalescents, la Fondation va remplir pleinement les fonctions voulues par sa donatrice jusqu’à l’arrivée des Allemands en 1940. La désorganisation qui s’en suivra sera fatale aux missions dévolues à l’établissement. Les sœurs rejoindront leur congrégation alors que les convalescentes retrouveront familles ou hôpitaux pour ne plus revenir.
Une deuxième période va alors s’ouvrir. En effet, après la guerre, les Chemins de Fer de la Région Est cherchent une maison pour accueillir leurs pupilles. Ils s’installent alors sur la propriété.
… à un établissement accueillant des enfants.
De cette première installation dans les lieux, ils vont alors tenter de faire «affaires» avec le notaire, dernier membre vivant du Conseil d’administration. C’est en cherchant un éventuel héritier qu’ils découvriront que l’une des clauses des dispositions testamentaires de Mlle Borniche stipule qu’en cas de dissolution du Conseil d’administration et de cessation de l’activité d’accueil de femmes convalescentes, c’est l’Assistance Publique à Paris qui deviendra propriétaire. Rappelons-nous que dans les années 50, l’Assistance Publique gérait non seulement des hôpitaux, mais également des établissements accueillant des enfants.
Les Chemins de Fer vont alors s’adresser à l’Assistance Publique pour conclure l’achat. Celle-ci, découvrant qu’elle est propriétaire de l’établissement, refusera bien évidemment de vendre. Elle demande aux Chemins de Fer de libérer les lieux au plus vite, ce qui sera fait en 1955.
Entre 1956 et 1959, l’Assistance publique va entreprendre des travaux d’aménagement qui prendront fin en février 1959, date à laquelle les premiers enfants seront accueillis.
A la suite de la création des départements de la région parisienne, la «Fondation » Borniche est attribuée, en 1968, à la Préfecture de Seine-Saint-Denis. En 1986, les lois de décentralisation confiant les missions de protection de l’enfance aux Présidents de Conseils Généraux, c’est tout naturellement que le département de Seine-Saint-Denis acceptera la responsabilité et la gestion de l’établissement.
Nous retrouvons un siècle plus tard le projet initialement voulu par Melle Borniche : accueillir et agir en faveur des enfants.
Aujourd’hui, la “ Fonda ” est devenue le Foyer départemental de l’enfance Borniche ; il n’en demeure pas moins une maison d’enfants. Au-delà de sa mission d’accueil, il a pour objectif de permettre enfin à des enfants de vivre leur vie d’enfant. Cette volonté est inscrite dans l’article 375 du Code Civil où il est clairement énoncé “ des jeunes ne peuvent être maintenus dans leur famille si leur santé, sécurité ou moralité sont en danger et leurs conditions d’éducation sont gravement compromises ”.
Chaque année, le foyer accueille environ 80 enfants âgés de 5 à 12 ans, tous originaires de Seine-Saint-Denis pour une capacité de 60 enfants en internat et 20 en familles d’accueil. Si la majorité d’entre eux bénéficie d’une scolarité adaptée dans le cadre de l’école intégrée, un tiers est scolarisé sur les écoles primaires des environs (notamment l’école Joseph KESSEL de Mary-sur-Marne) ou le collège de Lizy-sur-Ourcq.
En outre, pour répondre à l’ensemble de leurs besoins (éducatifs, culturels, sanitaires, soutien psychologique, . . . ), l’établissement est doté de 80 agents répartis sur différents services (éducatif, santé, cuisine, lingerie, entretien, administratif). 80% du personnel est domicilié dans les environs de Meaux et de la Ferté-sous-Jouarre. Parmi ceux-ci, 11 habitent sur la commune. Les 20% restants résident dans l’Aisne, l’Oise, Paris et la Seine-Saint-Denis.
En guise de première conclusion
Être aujourd’hui la « Fondation » Borniche, c’est avant tout accepter de se situer dans une histoire déjà longue, parfois douloureuse et pas toujours glorieuse. Mais c’est aussi l’ambition de dépasser cette période en affirmant une spécificité et un savoir-faire, partant d’un questionnement sur les besoins des enfants que nous accueillons et d’une recherche permanente de qualité dans les actions que nous menons au quotidien, actions résolument tournées vers l’avenir. Néanmoins, une telle démarche ne peut s’envisager qu’en se référant à ce qui a pu faire l’histoire de cet établissement et de ce qui a pu un jour amener Melle Borniche à s’interroger sur le devenir de sa propriété et du sens qu’elle voulait donner à l’utilisation de ses biens. De cette recherche d’aide aux plus démunis, nous avons aujourd’hui le souci de dépasser cette première notion pour permettre aux enfants que nous accueillons de devenir les citoyens de demain.
Malgré ses grilles, murs et portail, le Foyer Borniche se veut aujourd’hui résolument ouvert sur la vie et souhaite travailler à une plus grande intégration des enfants sur le village. Un certain nombre d’initiatives vont dans ce sens: concours de dessins Maurice BEDEL et remise des prix dans le parc du Foyer, partenariat avec l’école et les enseignants du village (scolarisation des enfants à l’école de Mary et soutien scolaire sur l’école du Foyer par les enseignantes de l’école Joseph KESSEL), adhésions d’enfants aux activités sportives et culturelles proposées par les associations marysiennes, participation respective aux kermesses des deux établissements, invitations d’enfants du foyer chez des camarades d’école,…Cette liste n’est pas exhaustive, mais d’autres projets pourraient être initiés dans l’avenir.
C’est de cette démarche que nous pourrons ensemble poursuivre I’œuvre voulue à la fin du 19ème siècle par une certaine Léonie BORNICHE : travailler à une société plus humaine et plus tolérante.